Crise géo-politique et énergétique : la solidarité à l’épreuve
La guerre en Ukraine sème mort et destruction ; elle répand la haine, la peur et l’incertitude. Nous appelons à travailler sans relâche et par tous les moyens, à l’ouverture d’un début de dialogue. Chaque jour où ne parlent que les armes est un jour perdu. Pas seulement en Ukraine, déjà si éprouvée, mais dans tous les conflits qui, en tant de lieux, déchirent les peuples. Parfois moins visibles, ils sont tout aussi dévastateurs. Jamais notre attention et notre solidarité ne peuvent être conditionnelles, temporaires ou uniquement locales. Chaque personne a droit à la paix et à la sécurité.
Les victimes de la guerre comptent sur la solidarité concrète de chacun d’entre nous. La réponse qu’offrent tant de personnes à cet appel, est porteuse d’espérance. Elles collectent des biens pour secourir, donnent du sang, accueillent des réfugiés, apportent chacune leur part. De nombreuses communautés religieuses prennent également des initiatives. Nous demandons à tous de poursuivre ce qu’ils ont entrepris et de contrer ainsi l’indifférence ou le découragement. Les personnes dans le besoin méritent toute notre attention.
La guerre à la frontière orientale de l’Europe met également en lumière notre dépendance à l’égard des sources d’énergie non renouvelables. Les fournitures de base comme l’électricité et le gaz sont devenus inabordables pour beaucoup. Les Gouvernements essayent par diverses mesures, d’atténuer le désastre. Soyons aussi parcimonieux que possible avec l’énergie à la maison, au travail et partout où nous nous réunissons. Nous demandons aux personnes en charge des biens de l’Eglise et aux fabriques d’église d’y porter une attention particulière. Un degré en moins fait déjà une grande différence.
Le passage à une énergie durable se fait également de plus en plus urgent. Nous appelons à unir nos forces pour cette transition fondamentale. En tant qu’Église locale, nous renforcerons les mesures déjà prises. Les services diocésains pour une écologie intégrale et d’autres instances, dans ou hors de l’Eglise, nous aideront par leurs conseils et leurs actions.
Les conséquences désastreuses de la guerre en Ukraine plongent le monde dans une crise importante. Notre option évangélique pour les plus démunis, doit nous rendre particulièrement vigilants. Les inégalités se creusent toujours davantage et les plus démunis sont confrontés à des difficultés croissantes. Restons proches d’eux tant par des actes de solidarité ponctuels que de manière structurelle. Nous demandons que le dialogue sur le bien-être général soit remis en tête de l’agenda de la société. Le bien commun ne peut être subordonné aux intérêts purement économiques.
La guerre en Ukraine et les crises qui s’en suivent, nous interpellent particulièrement. Plus que jamais, elles nous portent à réfléchir et nous rappellent nos responsabilités. L’humanisme intégral et solidaire, proposé par l’enseignement social de l’Église, se veut seul garant d’un avenir réel et durable.
La liturgie des derniers dimanches de l’année liturgique nous éclaire et nous encourage. Elle évoque les épreuves vécues dans le monde et elle nous incite à placer notre espérance dans le Christ. Lors de la Journée mondiale des pauvres (33e dimanche ordinaire, année C, 13 novembre 2022), nous entendrons un cri, toujours actuel, du prophète Malachie (Mal 3,20) : « Le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement ». Confions nos vies au Seigneur Jésus, qui vient à nous et guérit l’humanité par son rayonnement.
Les Évêques de Belgique
SIPI – Bruxelles, vendredi 14 octobre 2022